Épiphanie : l'espérance s'ouvre aux peuples

3 Janvier 2025

Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem (Mt 2, 1).

Avec un regard lapidaire et une connaissance impressionnante, ou peut-être une familiarité avec les faits historico-géographiques des débuts de la vie du Seigneur, l'auteur du premier des quatre Évangiles canoniques, Matthieu, s'attarde sur l'un des événements les plus intrigants liés à la naissance de Jésus. En réalité, ce faisant, l'évangéliste semble ouvrir une nouvelle ligne narrative théologique d'une importance essentielle : si la première avait traité de l'« Attendu » dans le sillon généalogique du patriarche Abraham et du roi David (cf. Mt 1,1), selon la vision tracée par le prophète Isaïe (Voici que la Vierge concevra, et elle enfantera un fils - 7, 14), la seconde se concrétise par l'attribution de la signification du nom : on lui donnera le nom d’Emmanuel, qui se traduit : « Dieu-avec-nous » (cf. Is 7, 14 et Mt 1, 23). Un Dieu avec nous qui concerne donc toutes les peuples.

Cette deuxième ligne narrative théologique est résumée dans le chapitre 2 de Matthieu et traite de la visite des Mages et des événements qui y sont liés : Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? » (cf. Mt 2, 1-2). Ainsi, en Jésus nouveau-né, ce n'est pas seulement l'attente d'Israël qui s'est réalisée, mais l'attente des peuples eux-mêmes.

Toute l'histoire et toute la vie humaine sont, en elles-mêmes, attente et cheminement. Et, plus encore, cela apparaît dans l'Histoire qui devient sacrée en raison de l'insertion du Très-Haut en elle ; une grande Histoire d'« attentes » et de « cheminements », à partir d'Abraham qui, depuis Ur des Chaldéens, se dirige vers la Terre que Dieu lui indique, jusqu'à ce Peuple qui, guidé par la colonne de feu, parcourt le désert en direction de la Terre des Pères ; et au-delà. Dans tout cheminement biblique, la bénédiction n'est jamais absente en tant que compagne : Que le Seigneur te bénisse et te garde ! (cf. Nb 6, 23). Une bénédiction qui, comme l'a enseigné saint Paul, s'étend en Jésus-Christ à toutes les peuples et implique en même temps rédemption, pardon des fautes, et richesse de la grâce (cf. Ep 1, 1-7).

Pour l'Écriture Sainte, tous les peuples sont donc en attente et en chemin, car le pèlerinage (réel, intellectuel, existentiel) appartient à la condition humaine : ni aux anges, ni aux démons.

Le Christ lui-même, dans son incarnation, devient pèlerin.

Les mystérieux personnages venus d'Orient dont parle l'Évangile de Matthieu représentent ces peuples qui, dans leur attente, suivent une étoile (cf. Matthieu 2, 2), cherchent un guide : elles cherchent cette espérance qui renferme le sens de l'existence et le mode d'existence de chaque être humain.

Dans une mise en scène évocatrice, l'auteur du Psaume 72(71) prévoit un extraordinaire mouvement centripète des peuples vers le « grand Roi » : les tribus s’inclineront devant lui. Les rois de Tarsis et des Îles apporteront des présents, les rois de Saba et de Seba feront leur offrande. Tous les rois se prosterneront devant lui, tous les pays le serviront. (cf. 9-11) ; une vision fascinante, certes, qui serait suivie d'un nouveau scénario, celui de la mission de l'Église partant du Seigneur ressuscité et allant vers les peuples : le Christ, la Bénédiction à répandre sur toutes les peuples. Le missionnaire est celui qui transforme l'espérance, l'attente des peuples en « Bénédiction » en allant vers tous ceux qui sont à la recherche de Dieu dans le Christ.

L’Épiphanie : c'est la manifestation aux Mages de l'humanité de Jésus. Mais nous connaîtrons aussi d'autres épiphanies au cours de la vie publique du Christ : du Baptême dans le Jourdain (Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie. - Mt 3, 17), à la Transfiguration sur le mont Thabor (Celui-ci est mon Fils bien-aimé - Mt 17, 5) ; de la Crucifixion du Juste (Vraiment, celui-ci était Fils de Dieu ! - Mt 27, 54), à sa Résurrection, qui conclut la dernière ligne historico-théologique des épiphanies du Seigneur.

Benoît XVI a écrit que « nous avons été sauvés, mais c’est en espérance » (Rm 8, 24), et il a ajouté : « La rédemption nous est offerte en ce sens que nous a été donnée l'espérance, une espérance fiable, en vertu de laquelle nous pouvons affronter notre présent: le présent, même un présent pénible, peut être vécu et accepté s'il conduit vers un terme et si nous pouvons être sûrs de ce terme, si ce terme est si grand qu'il peut justifier les efforts du chemin. » (Lettre encyclique Spe Salvi, 1.)

Et le Pape François a réaffirmé : « Spes non confundit, l’espérance ne déçoit pas » (Rm 5,5), car « L’espérance est contenue dans le cœur de chaque personne comme un désir et une attente du bien, bien qu’en ne sachant pas de quoi demain sera fait. L’imprévisibilité de l’avenir suscite des sentiments parfois contradictoires : de la confiance à la peur, de la sérénité au découragement, de la certitude au doute. Nous rencontrons souvent des personnes découragées qui regardent l’avenir avec scepticisme et pessimisme, comme si rien ne pouvait leur apporter le bonheur. Puisse le Jubilé être pour chacun l’occasion de ranimer l’espérance. La Parole de Dieu nous aide à en trouver les raisons. » (Bulle d'indiction de l'Année Sainte 2025, 1.)


Fernando Cardinal Filoni
Grand Maître




Source: Site Web Grand Magistère – l’Ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem
Photo : © Grand Magistère
© Ordre Équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem – Lieutenance de la Belgique

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