Nouvelles de l'Ordre

À la demande du Patriarcat latin de Jérusalem, l’Ordre a la mission de soutenir la réalisation de nombreux projets, petits et grands, en Terre Sainte. Cet article présente les projets conclus de septembre à décembre grâce aux contributions des Lieutenances du monde entier transmises par l’intermédiaire du Grand Magistère. Ces travaux, une fois achevés, contribuent à aider nos frères et sœurs de cette région du monde à y vivre une vie meilleure. Trois interventions ont été conclus dans l’Ecole de Gaza La réhabilitation du hall et du laboratoire de l’école était nécessaire. De multiples problèmes affectaient la fonctionnalité de ces deux installations Le hall de l’école est très important car il sert à accueillir toutes les activités scolaires, y compris les réunions, les conférences et les rassemblements. Il a fallu notamment changer les fenêtres, le système d’éclairage et de ventilation, et revoir l’ensemble du système de sécurité. D’autre part, le laboratoire de l’école était devenu inutilisable en raison d’une importante fuite d’eau qui avait causé des dommages majeurs. Grâce à la contribution de la Lieutenance pour l’Angleterre et le Pays de Galles, les travaux nécessaires ont été effectués pour sécuriser ces deux zones. La deuxième intervention qui a été conclue au cours de ces mois a été l’installation d’un nouvel auvent en acier au-dessus de la cour de récréation de l’école, grâce à la donation de la Lieutenance des Pays-Bas. Ce projet a été proposé pour compléter l’engagement du Patriarcat latin à fournir à ses élèves un environnement scolaire positif et à contribuer à leur santé et à leur bienêtre. Le nouvel auvent offrira une zone ombragée où les élèves pourront se reposer pendant la récréation et se protéger des effets néfastes du soleil et de la pluie, ce qui permettra de prolonger les périodes d’apprentissage et de jeu en toute sécurité. De plus, l’aire de jeux ainsi mieux protégée servira également la paroisse en accueillant les multiples événements familiaux et sociaux qui nécessitent un lieu extérieur ombragé. Enfin, la Lieutenance pour la France a financé le développement du laboratoire informatique pour les élèves et professeurs de l’école de Gaza. Restructurations des espaces pour l’Eglise catholique en Jordanie La Lieutenance pour l’Allemagne a soutenu les travaux de rénovation de la paroisse latine de Smakiyeh, qui ont concerné l’église et la maison du prêtre, ainsi que la salle polyvalente. La paroisse, qui est située dans une zone marginalisée à l’écart de la capitale, Amman, n’avait pas fait l’objet de travaux de réhabilitation depuis des décennies. Grâce à ce projet, le Patriarcat latin a pu créer un environnement pastoral approprié pour vivre, prier et assister aux messes et aux événements paroissiaux. À Misdar, l’un des quartiers les plus pauvres d’Amman, situé dans la partie orientale de la ville, où les familles luttent pour subvenir à leurs besoins quotidiens, la paroisse a été créée en 1924, et la construction de l’église et de l’école a été achevée en 1928. Cette paroisse a continué à fonctionner normalement jusqu’en 1948, puis de nombreux palestiniens ont fui leur pays et se sont installés dans la région, ce qui a provoqué une situation nouvelle. La paroisse s’est en effet beaucoup agrandie au fil des ans, d’autant plus que de nombreux autres réfugiés ont fui les pays du Moyen-Orient et que la région est devenue une destination pour tous ces immigrants. Les deux lieux avaient besoin d’un entretien urgent pour répondre aux normes minimales de santé et de sécurité pour la résidence. Le projet comprenait également des travaux de carrelage qui ont visé 400 mètres de l’église Christ Roi. Tout cela a été possible grâce à l’autre généreuse contribution de la Lieutenance d’Angleterre et du Pays de Galles. Toujours en Jordanie, la Lieutenance pour le Luxembourg a soutenu par ses dons la réhabilitation de la salle de réunion des activités de la JEC (Jeunesse Etudiante Chrétienne), à Jabal Amman. L’aumônier de la jeunesse et l’équipe de direction de la JEC ont toujours insisté sur la nécessité de créer un cadre professionnel à l’antenne principale de la JEC, afin de l’utiliser pour des réunions et des activités. L’espace qui a été réhabilité est idéal pour les réunions de réseau, les réunions formelles de comités ou les événements de formation. L’espace sera également utilisé pour organiser des réunions en ligne, des vidéoconférences, des présentations, des conférences et des entretiens. Projets pour tout le diocèse La Lieutenance pour le Luxembourg a également soutenu la rénovation du système de gestion informatique pour l’ensemble du diocèse de Jérusalem. Le Patriarcat latin avait besoin de mettre en place un système centralisé d’applications Web qui puisse être hébergé par le Data Center du Patriarcat et qui soit accessible à toutes les paroisses, à la Chancellerie, mais aussi à la Custodie de Terre Sainte (Franciscains). La Lieutenance pour l’Espagne Orientale a soutenu la formation des employés du Patriarcat latin, ainsi que des employés de la maison de retraite Beit Afram, du séminaire, de l’imprimerie, des vicariats…, par le biais de cours de formations pour le renforcement des capacités. Le programme, mis en œuvre par le département des ressources humaines du Patriarcat, comprenait notamment des cours sur les principes d’archivage, sur la comptabilité, sur le traitement et la gestion des salaires, sur la planification stratégique pour les directeurs d’école, sur la formation technique en électricité, la maîtrise en soins infirmiers médicaux pour adultes et celle de l’art culinaire, ainsi que sur la formation musicale pour les enseignants des écoles maternelles. Source: Site Web Patriarcat Latin de Jérusalem Photo : © Patriarcat Latin de Jérusalem

En ce début d'année, remettons entre les mains du Seigneur nos propositions et notre volonté de Le servir et de servir nos frères. En effet, notre appel au sein de l’Ordre n’est rien d’autre que cela, comme le rappelait il y a quelques mois le pape François dans son discours à l'occasion de la rencontre des associations de fidèles, des mouvements ecclésiaux et des nouvelles communautés : « Les charges de gouvernement qui vous sont confiées dans les associations de laïcs auxquelles vous appartenez ne sont pas autre chose qu’un appel à servir. Mais que signifie servir pour un chrétien ? » (16 septembre 2021) Le Saint-Père a poursuivi en nous faisant réfléchir sur les obstacles que nous pouvons rencontrer sur notre chemin de service. Ses paroles sont un bon avertissement pour nous aussi, Chevaliers et Dames du Saint-Sépulcre, comme pour tous les chrétiens. Elles mettent en évidence deux attitudes dangereuses : la soif du pouvoir et le manque de loyauté. « Combien de fois – nous demande le pape François – avons-nous fait sentir aux autres notre “ soif de pouvoir ” ? Jésus nous a enseigné que celui qui commande doit devenir comme celui qui sert (cf. Lc 22, 24-26) et que « si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le serviteur de tous » (Mc 9, 35). C’est-à-dire que Jésus renverse les valeurs de la mondanité, du monde. Notre soif de pouvoir s’exprime de nombreuses façons dans la vie de l’Église. Prenons garde à cette tentation qui peut assaillir chacun d'entre nous et qui peut souvent être déguisée par les meilleures intentions, en toute sincérité. Apprenons à être sensibles et reconnaissons que parfois, même dans notre service accompli avec le désir de faire le bien, se cache une soif de pouvoir qui « s’exprime de nombreuses façons dans la vie de l’Église » et qui « annule toute forme de subsidiarité. Cette attitude n’est pas belle et finit par vider de sa force le corps ecclésial. » La seconde tentation est le manque de loyauté : « En paroles, on dit vouloir servir Dieu et les autres, mais dans les faits, nous servons notre ego, et nous nous plions à notre désir d’apparaître, d’être reconnus, appréciés… » À tout moment, il est important de garder à l’esprit que « Personne n’est le maître des dons reçus pour le bien de l’Eglise — nous en sommes des administrateurs — personne ne doit les étouffer, mais les laisser grandir, avec moi et avec celui qui vient après moi. » Que nos Délégations, Sections et Lieutenances soient des réalités vivantes au sein desquelles l'Esprit agit, et non l'expression de la volonté et de la gestion de quelques-uns. En ce début d'année, suivons l'exemple des Mages : de grands sages qui se mettent humblement en chemin et ne se laissent pas impressionner par les démonstrations de pouvoir de ceux qui ne sont pas Celui qu'ils cherchent. Apportons nos présents et déposons-les au pied de la crèche, car c'est là qu'ils seront mis à profit pour la gloire de Dieu. C'est devant un Dieu qui se fait enfant que nous apprenons à nous faire petits. Fernando Cardinal Filoni Source: Site Web Grand Magistère Photo : © Grand Magistère

Un souvenir du cardinal Fernando Filoni Benoît XVI a été un prophète de notre temps, un Maître de l’Église, un Père pour tous. Le plus renommé de ses biographes, Peter Seewald, a écrit que, « pour certains, c’était un personnage gênant qui troublait ses adversaires, » et il rappelait – en citant le philosophe français Bernard-Henri Lévy – que son nom suscitait parti pris, mauvaise foi, et même désinformation. En vérité, écrivait encore Seewald, « Joseph Ratzinger a fasciné par ses manières nobles, son esprit élevé, l’honnêteté de ses analyses, la profondeur et la beauté de ses paroles. Son message peut déranger, mais il est fidèle à l’enseignement de l’Évangile, aux doctrines des Pères de l’Église et aux réformes du Concile Vatican II » (Benedetto XVI – Una vita[1], Garzanti, 2020). Je partage cette opinion, également de par la connaissance directe que j’ai eue de ce « grand pape », comme l’a appelé son successeur François. Oui, Benoît XVI a été un prophète de notre temps. L’histoire de la Prophétie dans la Sainte Écriture est liée à la relation entre Dieu et son Peuple. Dieu aime, Dieu est jaloux, Dieu appelle sans cesse à la conversion. Benoît XVI a eu cette mission pendant un demi-siècle, à cheval entre le XXe et le XXIe siècle, une époque de grandes transformations pour la société, révolutionnée par la recherche scientifique, par la technologie presque omnipotente, et par la perte du sacré. Il a été le témoin et il a appartenu à un siècle complexe. En tant que professeur et jeune collaborateur lors du Concile Vatican II, il posséda pleinement le sensus Ecclesiae qui est la base de toute véritable ecclésiologie, s’écartant de ceux qui voulaient une rupture entre le passé et le futur ; il a aimé, en l’interprétant de manière correcte, l’économie de la Révélation divine qui comprend des actions et des paroles ; en accord avec le style et la dictée biblique, Benoît XVI a mis en relief la perception de l’actualité religieuse par rapport à la pensée politique et sociale. L’Évangile et la haute tradition patristique devinrent la référence constante pour enrichir son message à la fois fort et compréhensible. Il savait montrer, pour ainsi dire, le doigt de la présence de Dieu dans l’Histoire. Accueillir la Révélation divine dans l’obéissance de la Foi, sans manquer d’intelligence et de volonté, fut pour Benoît XVI une constante, atteignant le point culminant de son discours sur Jésus, source et sommet de la Révélation. Il a montré comme personne la richesse et la beauté du Christ dans sa magnifique trilogie Jésus de Nazareth , une œuvre qui restera dans la vie de l’Église comme son chef-d’œuvre spirituel à la fois d’une grande profondeur culturelle et théologique. Il eut vraiment à cœur le rôle et la valeur de la Sainte Tradition issue de l’enseignement apostolique. L’Église, comme il l’enseignait, progresse dans la vérité sous l’assistance du Saint-Esprit, à travers la Sainte Écriture et la mémoire des Pères, conservées, exposées et répandues. Par ce Dépôt sacré, Benoît XVI initia le service au Magistère vivant de l’Église, qui n’est jamais au-dessus de la parole de Dieu. Jean-Paul II l’a voulu à ses côtés pour diriger, pendant de longues années, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi ; puis, en tant que Souverain Pontife il est devenu lui-même l’attentif Servus servorum Dei au sein de l’Église et dans le monde. Personne ne pourra oublier ses premières paroles significatives prononcées lors de son élection au trône de Pierre: « Après le grand Pape Jean-Paul II, Messieurs les Cardinaux m’ont élu moi, un simple et humble travailleur dans la vigne du Seigneur. Le fait que le Seigneur sache travailler et agir également avec des instruments insuffisants me console, et surtout, je me remets à vos prières, dans la joie du Christ ressuscité » (19 avril 2005). L’humilité des prophètes est transparente, c’est pourquoi soit on les aime soit on les déteste. L’humilité de Benoît XVI a été reconnue, et les gens l’ont profondément aimé. Ils l’ont estimé parce qu’il parlait de Dieu et de sa miséricorde et qu’il en rappelait la présence. Ceux qui ont décodé tous les aspects de sa vie et de ses paroles avec un regard biaisé, avec orgueil, ont perdu leur grandeur d’âme. Le 265e Pape de l’Église catholique, Évêque de Rome, a donc eu pour mission de parler de Dieu de manière appropriée à notre monde sécularisé et savant. Il l’a fait à la fois à haut niveau (théologiquement parlant) et plus simplement, par l’écriture d’homélies et de discours. Dans sa pensée, il a toujours gardé une vision anthropologique très profonde, jamais détachée de l’Éternel : « L’homme se perd lui-même quand il oublie son créateur, Dieu. En oubliant Dieu il ne sait plus déchiffrer le message de sa nature, il oublie sa mesure et devient pour lui-même une énigme sans réponse » (J. Ratzinger – Benedetto XVI, per Amore[2], LEV-Cantagalli, 2019). Également par rapport à la nature, il a dit que « quand nous oublions Dieu, les choses deviennent muettes, uniquement matérielles, un quelque chose sans pourquoi, dénué de tout sens profond. Si nous revenons à Dieu, les choses commencent à parler » (ibid.). Benoît XVI a été un père. Sa paternité était humble, se manifestant presque avec pudeur, et pourtant elle était directe. Ceux qui l’ont approché ont rapporté leur perception d’un homme aimable, jamais énigmatique, jamais double, jamais hésitant entre une approche populiste ou médiatique, jamais moralisateur. Il a aimé le monde parce que malade et nécessiteux de Dieu. Il sentait que l’Église avait une grande mission. Percevant l’aide d’un Dieu qu’il disait « agenouillé » devant nous, il en adorait le mystère. Il compte parmi les grands de notre siècle. Nous lui en sommes tous reconnaissants, ayant reçu de lui le don de son témoignage. Pendant une courte période, j'ai moi aussi bénéficié de sa proximité et de l'ombre de ce chêne majestueux, d'abord en tant que substitut de la Secrétairerie d'État et puis en tant que préfet de la Congrégation pour l'évangélisation des peuples, ce qui m'a permis de devenir un témoin de la pensée et de l'action de Benoît XVI. J'ai également apprécié son aimable considération, même après sa démission de la papauté, et je garde, avec une profonde affection, le souvenir de diverses rencontres et de ses brèves pensées qui accompagnaient avec délicatesse le don de certaines publications : "A mon cher ami". Il sera un Docteur de l’Église. Fernando Cardinal Filoni Grand Maître Source: Site Web Grand Magistère Photo : © Grand Magistère

Une question de Paco Garcia Burgos, Chevalier du Saint-Sépulcre, Lieutenance pour le Mexique Une réalité ecclésiale moderne Notre Ordre n’est pas un Ordre religieux mais un “Ordre équestre pontifical” constitué de laïcs, dans lequel les ecclésiastiques et aussi les religieux et religieuses ont leur place. Nous formons une institution ayant une personnalité juridique, qui en raison de son activité œuvre comme “organisation centrale de l’Eglise catholique” . Tous ses membres, hommes et femmes, sont en effet des baptisés, fidèles du Christ. Les responsables exécutifs de l’Ordre du Saint-Sépulcre (Lieutenant Général, Gouverneur Général, Vice-Gouverneurs, Lieutenants et Délégués Magistraux), sont tous des laïcs, volontaires et non salariés. Parmi les hauts responsables, deux sont des ecclésiastiques : le Grand Maître, choisi par le Pape, et l’Assesseur choisi avec le consentement du Pape. Les Grands Prieurs et les Prieurs de même que les religieux et religieuses qui appartiennent à l’Ordre ont une mission d’accompagnement spirituel des membres, en coordination avec les Lieutenants et les Délégués Magistraux. Nous souhaitons que les laïcs, largement majoritaires à tous les niveaux dans l’Ordre, puissent vivre en profondeur leur baptême en vertu duquel ils sont “prêtres, prophètes et rois”! Ils sont appelés grâce au soutien de la prière, à témoigner de la Parole de Dieu vécue au quotidien, avec l’aide de l’Esprit Saint qui les habite, puisqu’ils sont membres du Corps du Christ qu’est l’Eglise, et qu’ils partagent, avec le Christ, la dignité de fils du Père dans le Royaume de Dieu. I Ainsi notre Ordre, bien que très ancien, est une réalité ecclésiale moderne dans sa mission car il participe à la sollicitude du Pontife romain en ce qui concerne les Lieux saints et les institutions catholiques en Terre Sainte. Cette mission se nourrit en donnant une importance première à la sainteté personnelle (spiritualité) et à la mise en pratique de la foi dans tous ses contenus et dans tous les états de vie des membres. Je souhaite renforcer ces aspects particuliers de notre institution en encourageant les membres laïcs à se former chrétiennement en permanence, notamment grâce au pèlerinage régulier en Terre Sainte, pour qu’ils soient toujours davantage missionnaires de l’Evangile du Christ dans la société d’aujourd’hui, où Dieu est trop souvent ignoré. Nous voulons vivre la coresponsabilité de manière synodale, être un exemple de “famille” où s’expérimente le dialogue et la fraternité entre vocations diverses, pour un noble idéal. Fernando Cardinal Filoni Grand Maître Source : © Grand Magistère Photo : © Grand Magistère

LE COIN DU GRAND MAITRE Je salue cordialement tous les membres de l'Ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem. À mon arrivée dans l'Ordre en tant que Grand Maître, j'ai voulu réfléchir sur la manière dont je pourrais non seulement être présent dans les bureaux centraux et occasionnellement lors des investitures, mais aussi entrer en relation de plus près avec vous, Membres de notre Institution pontificale. Notre paroisse est une « grande paroisse » et, comme dans toutes les grandes familles, la distance et le nombre peuvent parfois rendre la relation moins personnelle. J’ai souhaité créer des initiatives, à travers nos moyens de communication, pour entrer en dialogue en écoutant vos questions et en offrant des éléments de réponse. Ainsi, sur notre site www.oessh.va vous trouvez une rubrique : L e coin du Grand Maître . Nous publions la réponse à l'une des lettres les plus significatives qui me parviennent. Je souhaite de préférence des questions relatives à notre Ordre, à sa vie, en ce qui concerne l'Eglise, la vie chrétienne, l'engagement en Terre Sainte. J'aimerais que vos questions ne soient pas formelles mais authentiques, dans le respect de toutes les règles de confidentialité. Vous pouvez m’adresser de brèves lettres à l'adresse fcf@oessh.va en mettant comme objet de votre mail « Angolo del Gran Maestro» , ou par la poste à l'adresse du Grand Magistère ( OESSH-00120 Vaticano ). Communiquer c'est participer, dialoguer c'est se connaître, interagir c'est s'estimer. Avec tous mes vœux de bon succès. Fernando Cardinal Filoni Source : © Grand Magistère Photo : © Grand Magistère

Il est intéressant de noter que le Pape et le Grand Imam commencent tous les deux le Document en n'abordant pas des sujets religieux controversés (qui généreraient de nouvelles difficultés), mais en partant de ce qu'ils ont en commun : «la foi en un Dieu clément et miséricordieux, qui a créé tous les êtres humains égaux en droits, en devoirs et en dignité et les a appelés à coexister comme des frères et des amis pour répandre les valeurs du bien, de la charité et de la paix ». Ce sont des expressions de la plus haute valeur théologique et anthropologique qui conduisent, à mon avis, à vider cette charge djihadiste plus agressive et intolérante. Qui est ″l’infidèle″ si le principe d'appel est ce Dieu « clément et miséricordieux » partagé par les juifs, les chrétiens et les musulmans, créateur de tous les êtres humains égaux en droits et en dignité ? En abandonnant le terrain des affrontements et des disputes religieuses (chacun gardera pour lui les principes doctrinaux qui forment le noyau et la diversité intrinsèque de sa foi), on ouvre une fenêtre qui apporte un souffle d'air frais ; cette vision commune, en effet, affaiblit l'accusation d'intolérance ; mais il faut aussi dire que les provocations interreligieuses et extra religieuses, qui tendent à déclencher l'agressivité et à offenser l'autre partie, doivent cesser. « Aujourd’hui, en particulier dans le monde à majorité islamique, mais aussi là où l’islam est plus minoritaire, toute forme de Djihad se nourrit de l'injustice réelle ou supposée, des infractions aux croyances et aux valeurs islamiques. S'il est légitime de conserver un sentiment de respect, rien ne justifie le terrorisme ou les assassinats : il convient ici de faire écho au cri du pape François et du grand imam al-Tayyeb : quiconque tue une personne est comme s’il avait tué toute l’humanité ; nous condamnons toutes les pratiques qui menacent la vie comme les génocides, les actes terroristes (...) et les politiques qui soutiennent les nombreux crimes ; nous déclarons – fermement – que les religions n’incitent jamais à la guerre et ne sollicitent pas des sentiments de haine, de volonté d’extrémisme, ni n’invitent à la violence ou à l’effusion de sang ; tout cela mène à la déviation des enseignements religieux, à l’usage politique des religions et aussi à des interprétations de groupes d’hommes de religion qui ont abusé – à certaines phases de l’histoire – des sentiments religieux. C’est clair et précis. » Soit dit en passant, j'aime à penser que ce point de vue a idéalement favorisé lesdits ″Accords d’Abraham″ entre Israël, Bahreïn et les Émirats arabes unis et a ouvert des processus avec d'autres pays islamiques. Pour l'Église catholique, la révision des relations interreligieuses avait déjà formellement commencé avec la Déclaration Nostra Aetate (NA) du concile Vatican II, lorsque les Pères du Concile ont estimé qu'il était de leur devoir de condamner toutes les persécutions et manifestations d'intolérance du passé et ont espéré surmonter ces ″dissensions et inimitiés (qui s’étaient) manifestées entre les chrétiens et les musulmans ″ , nous invitant ″ à oublier le passé et à s’efforcer sincèrement à la compréhension mutuelle, (…) protéger et à promouvoir ensemble, pour tous les hommes, la justice sociale, les valeurs morales, la paix et la liberté ″ (NA 3-5). Si l’Histoire n’est pas maîtresse, les erreurs se répéteront ; l’histoire de l’humanité ne se construit pas à partir de déterminismes purs, mais c’est un entrelacement de libertés qui doivent être reconnues et réciproquement respectées . Cet aspect de la mission de l’Ordre est traité dans mon livre Et toute la maison fut remplie de l’odeur du parfum (Ed. Salvator), au chapitre sur la dimension ecclésiologique de la spiritualité de l’Ordre. Fernando Cardinal Filoni Source : © Grand Magistère Photo : © Grand Magistère '> Dans le cadre d’un colloque organisé à Paris par l’Observatoire du fait religieux (CREC Saint-Cyr), les 23 et 24 mai, à l’École militaire, j’ai été invité à donner une conférence sur le thème : « Une nouvelle perspective : Djihad et fraternité humaine ? » . Voici un extrait de mon intervention, au sujet du dialogue islamo-chrétien qui est une dimension de la mission de notre Ordre en Terre Sainte, dans l’esprit de la déclaration d’Abou Dhabi, signée par le Pape François et le Grand Imam de l’Université al-Ahzar. « De nos jours, une nouvelle approche originale entre le monde islamique et le monde catholique a été initiée par le pape François et le grand imam sunnite d'Al-Azhar, Ahmed al-Tayyeb, avec la signature du Document sur la fraternité humaine - Pour la paix mondiale et la coexistence commune, qui a eu lieu à Abou Dhabi le 4 février 2019. Puis, il y a un an, le Pape a rencontré le Grand Ayatollah Al Sistani à Najaf (en Irak), ouvrant un niveau de contact maximum entre les catholiques et le monde chiite ; un contact qui pourrait conduire à des rapprochements importants également entre sunnites et chiites et à une révision souhaitable de leurs contrastes historiques. » Il est intéressant de noter que le Pape et le Grand Imam commencent tous les deux le Document en n'abordant pas des sujets religieux controversés (qui généreraient de nouvelles difficultés), mais en partant de ce qu'ils ont en commun : «la foi en un Dieu clément et miséricordieux, qui a créé tous les êtres humains égaux en droits, en devoirs et en dignité et les a appelés à coexister comme des frères et des amis pour répandre les valeurs du bien, de la charité et de la paix ». Ce sont des expressions de la plus haute valeur théologique et anthropologique qui conduisent, à mon avis, à vider cette charge djihadiste plus agressive et intolérante. Qui est ″l’infidèle″ si le principe d'appel est ce Dieu « clément et miséricordieux » partagé par les juifs, les chrétiens et les musulmans, créateur de tous les êtres humains égaux en droits et en dignité ? En abandonnant le terrain des affrontements et des disputes religieuses (chacun gardera pour lui les principes doctrinaux qui forment le noyau et la diversité intrinsèque de sa foi), on ouvre une fenêtre qui apporte un souffle d'air frais ; cette vision commune, en effet, affaiblit l'accusation d'intolérance ; mais il faut aussi dire que les provocations interreligieuses et extra religieuses, qui tendent à déclencher l'agressivité et à offenser l'autre partie, doivent cesser. « Aujourd’hui, en particulier dans le monde à majorité islamique, mais aussi là où l’islam est plus minoritaire, toute forme de Djihad se nourrit de l'injustice réelle ou supposée, des infractions aux croyances et aux valeurs islamiques. S'il est légitime de conserver un sentiment de respect, rien ne justifie le terrorisme ou les assassinats : il convient ici de faire écho au cri du pape François et du grand imam al-Tayyeb : quiconque tue une personne est comme s’il avait tué toute l’humanité ; nous condamnons toutes les pratiques qui menacent la vie comme les génocides, les actes terroristes (...) et les politiques qui soutiennent les nombreux crimes ; nous déclarons – fermement – que les religions n’incitent jamais à la guerre et ne sollicitent pas des sentiments de haine, de volonté d’extrémisme, ni n’invitent à la violence ou à l’effusion de sang ; tout cela mène à la déviation des enseignements religieux, à l’usage politique des religions et aussi à des interprétations de groupes d’hommes de religion qui ont abusé – à certaines phases de l’histoire – des sentiments religieux. C’est clair et précis. » Soit dit en passant, j'aime à penser que ce point de vue a idéalement favorisé lesdits ″Accords d’Abraham″ entre Israël, Bahreïn et les Émirats arabes unis et a ouvert des processus avec d'autres pays islamiques. Pour l'Église catholique, la révision des relations interreligieuses avait déjà formellement commencé avec la Déclaration Nostra Aetate (NA) du concile Vatican II, lorsque les Pères du Concile ont estimé qu'il était de leur devoir de condamner toutes les persécutions et manifestations d'intolérance du passé et ont espéré surmonter ces ″dissensions et inimitiés (qui s’étaient) manifestées entre les chrétiens et les musulmans ″ , nous invitant ″ à oublier le passé et à s’efforcer sincèrement à la compréhension mutuelle, (…) protéger et à promouvoir ensemble, pour tous les hommes, la justice sociale, les valeurs morales, la paix et la liberté ″ (NA 3-5). Si l’Histoire n’est pas maîtresse, les erreurs se répéteront ; l’histoire de l’humanité ne se construit pas à partir de déterminismes purs, mais c’est un entrelacement de libertés qui doivent être reconnues et réciproquement respectées . Cet aspect de la mission de l’Ordre est traité dans mon livre Et toute la maison fut remplie de l’odeur du parfum (Ed. Salvator), au chapitre sur la dimension ecclésiologique de la spiritualité de l’Ordre. Fernando Cardinal Filoni Source : © Grand Magistère Photo : © Grand Magistère

L'Ordre du Saint-Sépulcre est, de par ses Statuts, un Organisme Central de l'Église Catholique, avec environ 30 000 membres dans le monde – des Chevaliers et des Dames - dont la mission est de soutenir par leurs dons généreux les œuvres pastorales, éducatives et sociales du Patriarcat Latin de Jérusalem (qui comprend les territoires de Jordanie, Palestine, Israël et Chypre). La dimension caritative de la vie de l'Ordre s'accompagne d'un engagement spirituel intense de la part de ses membres et de leur participation à des pèlerinages en Terre Sainte qui renforcent les liens entre l'Église universelle, les Églises locales et l'Église Mère de Jérusalem. Les responsables et les membres de l'Ordre sont tous bénévoles. L'Ordre ne dispose que d'un seul bâtiment, donné par le Saint-Siège : le Palazzo di Domenico della Rovere in Borgo , situé Via della Conciliazione à Rome. En administrateur fidèle et prudent, l’Ordre a le devoir de préserver tout ce qui lui a été confié et qu'il gère en toute transparence. Le bâtiment historique date de plus de cinq siècles et a été construit avant l'actuelle basilique Saint-Pierre. Une partie du bâtiment était jusqu'à récemment louée à une société hôtelière afin de couvrir les frais de fonctionnement de l'Ordre, de sorte que tous les dons reçus puissent effectivement être destinés au Patriarcat latin de Jérusalem. C'était l'objectif initial. Depuis l'automne 2020, conformément aux règles de transparence imposées par le Saint-Siège, l'Ordre cherche une nouvelle entreprise pour gérer l'espace hôtelier et prendre en charge les travaux de restauration nécessaires avec l'approbation de la surintendance et de la municipalité de Rome. Une Commission internationale a été instituée, en son temps, par le Grand Maître de l'Ordre. Cette Commission a indiqué ses préférences et a choisi - conformément aux normes établies par le pape François pour le Saint-Siège - les manifestations d'intérêt, après une étude de marché, qui correspondent le mieux aux besoins et aux objectifs de l'Ordre. Chaque étape fait l'objet d'un rapport et de l’approbation du Secrétariat d’État à l'économie. L'Ordre est conscient de sa responsabilité de préserver et de gérer la propriété avec soin et transparence, à la lumière de sa mission d'évangélisation et de protection de la Terre Sainte. Cette ligne éthique est claire dans les discussions préliminaires en cours avec les entreprises hôtelières candidates. Source : Grand Magistère Photo : © Grand Magistère

Le 10 mai, le Grand Maître a fait son entrée solennelle au Saint-Sépulcre de Jérusalem, événement plusieurs fois retardé en raison de la crise sanitaire mondiale. Nous lisons ici la réflexion qu'il a partagée à ce moment très important. Un pèlerinage à Jérusalem est toujours un don de Dieu. Il en était ainsi dans le cœur des fidèles juifs ; il en était ainsi pour Jésus. Mais pour nous ? En outre, quelle est la signification – au sens particulier du terme - de ce lieu ? Il existe une analogie biblique, je dirais christologique, que j'emprunte au Livre de l'Exode (chapitres 33-34), pour répondre à cette question. Dans le Livre de l'Exode, il est relaté que Moïse, celui qui s’était entretenu avec le Seigneur sur le Mont Thabor où il se trouvait avec Élie, dit un jour à l'Éternel : « Laisse-moi contempler ta gloire ! » (Ex 33,18). Le Tout-Puissant promit alors de montrer sa splendeur et de faire grâce à ceux qui voudraient faire grâce et de faire miséricorde à ceux qui voudraient faire miséricorde. Puis il ajouta : « Tu ne pourras pas voir mon visage » (Ex 33,20). Mais le Seigneur continua : « Voici une place près de moi. Tu te tiendras sur le rocher ; quand passera ma gloire, je te mettrai dans le creux du rocher et je t’abriterai de ma main jusqu’à ce que j’aie passé. Puis je retirerai ma main, et tu me verras de dos, mais mon visage, personne ne peut le voir. » (Ex 33,21-23). C’est à partir de ces mots que le mystère de la croix et de la mort du Christ a été représenté. Lui aussi se tiendra sur un rocher, puis au creux d'un tombeau taillé dans la roche. Une cavité, le sépulcre de Joseph d'Arimathie, sera comblée, et, comme la main protectrice de Dieu envers Moïse, une pierre sera roulée à l'aube du troisième jour. La gloire de Dieu apparaîtra alors dans le Seigneur ressuscité aux yeux des disciples incrédules. Ici, en ce lieu, en ce lieu même, la gloire du Ressuscité réapparaît dans la foi du croyant : Heureux ceux qui, sans voir, croiront ! Voici aujourd’hui le sens de notre pèlerinage. Ceux qui vivent à Jérusalem ont la tâche, je dirais même le devoir spirituel, de témoigner et de raconter le mystère de la gloire de Dieu manifestée en Jésus. Mais nous, nous venons ici, comme le disait François d'Assise, pour « voir et toucher » le Seigneur : voir ses traces, entendre l’écho de ses paroles, toucher l’endroit où il reposait, selon l’incitation même de l'ange : « Venez voir l’endroit où il reposait. Puis, vite, allez dire… : “Il est ressuscité d’entre les morts !” » (Mt 28, 6-7). Il est là où Dieu nous a sauvés ! Vous, chers frères et sœurs, enfants de cette « Église Mère » de Jérusalem, vous avez la mission de l'ange qui nous encourage à voir où le Seigneur reposait. Merci pour ce service à vos frères et sœurs fidèles à travers le monde et en particulier à vos frères et sœurs Chevaliers et Dames du Saint-Sépulcre. Nous venons aujourd'hui dans le silence de la foi pour puiser à ce puits d'eau vive, où nous découvrons « le Seigneur, Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de vérité, qui garde sa fidélité jusqu’à la millième génération, supporte faute, transgression et péché » (Ex 34, 6-7). Nous venons en pèlerins pour découvrir ce mystère. C'est tout le sens de notre pèlerinage, de notre venue en ce lieu. C'est là que chaque Chevalier et chaque Dame qui aime ce lieu sait qu'il y puise le sens de sa dignité, et qu'il portera en lui pour le reste de sa vie le souvenir de sa foi dans le Christ ressuscité. Amen ! Fernando Cardinal Filoni Grand Maître Source : Grand Magistère Photo: © Grand Magistère