« S’efforcer sincèrement à la compréhension mutuelle »

20 Juillet 2022




Il est intéressant de noter que le Pape et le Grand Imam commencent tous les deux le Document en n'abordant pas des sujets religieux controversés (qui généreraient de nouvelles difficultés), mais en partant de ce qu'ils ont en commun : «la foi en un Dieu clément et miséricordieux, qui a créé tous les êtres humains égaux en droits, en devoirs et en dignité et les a appelés à coexister comme des frères et des amis pour répandre les valeurs du bien, de la charité et de la paix ». Ce sont des expressions de la plus haute valeur théologique et anthropologique qui conduisent, à mon avis, à vider cette charge djihadiste plus agressive et intolérante. Qui est ″l’infidèle″ si le principe d'appel est ce Dieu « clément et miséricordieux » partagé par les juifs, les chrétiens et les musulmans, créateur de tous les êtres humains égaux en droits et en dignité ?


En abandonnant le terrain des affrontements et des disputes religieuses (chacun gardera pour lui les principes doctrinaux qui forment le noyau et la diversité intrinsèque de sa foi), on ouvre une fenêtre qui apporte un souffle d'air frais ; cette vision commune, en effet, affaiblit l'accusation d'intolérance ; mais il faut aussi dire que les provocations interreligieuses et extra religieuses, qui tendent à déclencher l'agressivité et à offenser l'autre partie, doivent cesser.


« Aujourd’hui, en particulier dans le monde à majorité islamique, mais aussi là où l’islam est plus minoritaire, toute forme de Djihad se nourrit de l'injustice réelle ou supposée, des infractions aux croyances et aux valeurs islamiques. S'il est légitime de conserver un sentiment de respect, rien ne justifie le terrorisme ou les assassinats : il convient ici de faire écho au cri du pape François et du grand imam al-Tayyeb : quiconque tue une personne est comme s’il avait tué toute l’humanité ; nous condamnons toutes les pratiques qui menacent la vie comme les génocides, les actes terroristes (...) et les politiques qui soutiennent les nombreux crimes ; nous déclarons – fermement – que les religions n’incitent jamais à la guerre et ne sollicitent pas des sentiments de haine, de volonté d’extrémisme, ni n’invitent à la violence ou à l’effusion de sang ; tout cela mène à la déviation des enseignements religieux, à l’usage politique des religions et aussi à des interprétations de groupes d’hommes de religion qui ont abusé – à certaines phases de l’histoire – des sentiments religieux. C’est clair et précis. »


Soit dit en passant, j'aime à penser que ce point de vue a idéalement favorisé lesdits ″Accords d’Abraham″ entre Israël, Bahreïn et les Émirats arabes unis et a ouvert des processus avec d'autres pays islamiques.


Pour l'Église catholique, la révision des relations interreligieuses avait déjà formellement commencé avec la Déclaration Nostra Aetate (NA) du concile Vatican II, lorsque les Pères du Concile ont estimé qu'il était de leur devoir de condamner toutes les persécutions et manifestations d'intolérance du passé et ont espéré surmonter ces ″dissensions et inimitiés (qui s’étaient) manifestées entre les chrétiens et les musulmans ″, nous invitant ″ à oublier le passé et à s’efforcer sincèrement à la compréhension mutuelle, (…) protéger et à promouvoir ensemble, pour tous les hommes, la justice sociale, les valeurs morales, la paix et la liberté ″ (NA 3-5).



Si l’Histoire n’est pas maîtresse, les erreurs se répéteront ; l’histoire de l’humanité ne se construit pas à partir de déterminismes purs, mais c’est un entrelacement de libertés qui doivent être reconnues et réciproquement respectées .


Cet aspect de la mission de l’Ordre est traité dans mon livre Et toute la maison fut remplie de l’odeur du parfum (Ed. Salvator), au chapitre sur la dimension ecclésiologique de la spiritualité de l’Ordre.


Fernando Cardinal Filoni



Source : © Grand Magistère
Photo : © Grand Magistère

'>

Dans le cadre d’un colloque organisé à Paris par l’Observatoire du fait religieux (CREC Saint-Cyr), les 23 et 24 mai, à l’École militaire, j’ai été invité à donner une conférence sur le thème : « Une nouvelle perspective : Djihad et fraternité humaine ? ». Voici un extrait de mon intervention, au sujet du dialogue islamo-chrétien qui est une dimension de la mission de notre Ordre en Terre Sainte, dans l’esprit de la déclaration d’Abou Dhabi, signée par le Pape François et le Grand Imam de l’Université al-Ahzar.



« De nos jours, une nouvelle approche originale entre le monde islamique et le monde catholique a été initiée par le pape François et le grand imam sunnite d'Al-Azhar, Ahmed al-Tayyeb, avec la signature du Document sur la fraternité humaine - Pour la paix mondiale et la coexistence commune, qui a eu lieu à Abou Dhabi le 4 février 2019. Puis, il y a un an, le Pape a rencontré le Grand Ayatollah Al Sistani à Najaf (en Irak), ouvrant un niveau de contact maximum entre les catholiques et le monde chiite ; un contact qui pourrait conduire à des rapprochements importants également entre sunnites et chiites et à une révision souhaitable de leurs contrastes historiques. »



Il est intéressant de noter que le Pape et le Grand Imam commencent tous les deux le Document en n'abordant pas des sujets religieux controversés (qui généreraient de nouvelles difficultés), mais en partant de ce qu'ils ont en commun : «la foi en un Dieu clément et miséricordieux, qui a créé tous les êtres humains égaux en droits, en devoirs et en dignité et les a appelés à coexister comme des frères et des amis pour répandre les valeurs du bien, de la charité et de la paix ». Ce sont des expressions de la plus haute valeur théologique et anthropologique qui conduisent, à mon avis, à vider cette charge djihadiste plus agressive et intolérante. Qui est ″l’infidèle″ si le principe d'appel est ce Dieu « clément et miséricordieux » partagé par les juifs, les chrétiens et les musulmans, créateur de tous les êtres humains égaux en droits et en dignité ?


En abandonnant le terrain des affrontements et des disputes religieuses (chacun gardera pour lui les principes doctrinaux qui forment le noyau et la diversité intrinsèque de sa foi), on ouvre une fenêtre qui apporte un souffle d'air frais ; cette vision commune, en effet, affaiblit l'accusation d'intolérance ; mais il faut aussi dire que les provocations interreligieuses et extra religieuses, qui tendent à déclencher l'agressivité et à offenser l'autre partie, doivent cesser.


« Aujourd’hui, en particulier dans le monde à majorité islamique, mais aussi là où l’islam est plus minoritaire, toute forme de Djihad se nourrit de l'injustice réelle ou supposée, des infractions aux croyances et aux valeurs islamiques. S'il est légitime de conserver un sentiment de respect, rien ne justifie le terrorisme ou les assassinats : il convient ici de faire écho au cri du pape François et du grand imam al-Tayyeb : quiconque tue une personne est comme s’il avait tué toute l’humanité ; nous condamnons toutes les pratiques qui menacent la vie comme les génocides, les actes terroristes (...) et les politiques qui soutiennent les nombreux crimes ; nous déclarons – fermement – que les religions n’incitent jamais à la guerre et ne sollicitent pas des sentiments de haine, de volonté d’extrémisme, ni n’invitent à la violence ou à l’effusion de sang ; tout cela mène à la déviation des enseignements religieux, à l’usage politique des religions et aussi à des interprétations de groupes d’hommes de religion qui ont abusé – à certaines phases de l’histoire – des sentiments religieux. C’est clair et précis. »


Soit dit en passant, j'aime à penser que ce point de vue a idéalement favorisé lesdits ″Accords d’Abraham″ entre Israël, Bahreïn et les Émirats arabes unis et a ouvert des processus avec d'autres pays islamiques.


Pour l'Église catholique, la révision des relations interreligieuses avait déjà formellement commencé avec la Déclaration Nostra Aetate (NA) du concile Vatican II, lorsque les Pères du Concile ont estimé qu'il était de leur devoir de condamner toutes les persécutions et manifestations d'intolérance du passé et ont espéré surmonter ces ″dissensions et inimitiés (qui s’étaient) manifestées entre les chrétiens et les musulmans ″, nous invitant ″ à oublier le passé et à s’efforcer sincèrement à la compréhension mutuelle, (…) protéger et à promouvoir ensemble, pour tous les hommes, la justice sociale, les valeurs morales, la paix et la liberté ″ (NA 3-5).



Si l’Histoire n’est pas maîtresse, les erreurs se répéteront ; l’histoire de l’humanité ne se construit pas à partir de déterminismes purs, mais c’est un entrelacement de libertés qui doivent être reconnues et réciproquement respectées .


Cet aspect de la mission de l’Ordre est traité dans mon livre Et toute la maison fut remplie de l’odeur du parfum (Ed. Salvator), au chapitre sur la dimension ecclésiologique de la spiritualité de l’Ordre.


Fernando Cardinal Filoni



Source : © Grand Magistère
Photo : © Grand Magistère

Ordre Équestre du
Saint-Sépulcre de Jérusalem
Avenue du Chant d'Oiseau 2
1150 Bruxelles
Newsletter

Le présent site internet place des cookies. Les cookies essentiels sont nécessaires au bon fonctionnement du site et ne peuvent pas être refusés. Les autres cookies sont optionnels et ne seront placés que si vous les autorisez. Consultez notre politique en matière de cookies pour en savoir plus.